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Foire aux questions (FAQ) - DEP

Cliquez sur l'un des thèmes ci-dessous pour accéder aux recommandations de l'ASSTSAS.

  1. Activités de suivi PDSP
  2. Enseignement des PDSP comme travailleur autonome
  3. PDSB enfants
  4. Utilisation de la civière-douche
  5. Utilisation du lève-personne (mobile au sol ou sur rail au plafond)
  6. Soins d'hygiène au lit avec ridelles
  7. Stratégie de déplacement
  8. Efforts pour pousser/tirer un fauteuil roulant

Thème 1 - Activités de suivi PDSP

1.1 - À quelle fréquence doit-on donner des mises à jour PDSP auprès du personnel ?

Une fois émise, la carte d’attestation de formation remise à un travailleur demeure valide et ne comporte pas de date d’expiration. Cependant, l’ASSTSAS encourage fortement l’employeur à offrir des activités de suivi ou de rafraîchissement sur une base régulière afin que le personnel soit toujours au fait des nouveautés (ex. : nouveaux équipements). Si aucune activité de suivi ou de rafraîchissement n’est offerte sur une base régulière, l’ASSTSAS recommande qu’elle soit prévue au moins tous les 2 ou 3 ans.

(Date de parution : mai 2014 - Mise à jour en janvier 2022)

1.2 - Mon établissement souhaite que je fasse des mises à jour PDSP auprès du personnel. Quel contenu dois-je donner ?


Les mises à jour, également appelées activités de suivi ou de rafraîchissement, sont effectivement fortement encouragées afin de permettre au personnel de prendre connaissance des nouveautés ou de se familiariser avec un nouvel équipement, mais aussi, pour corriger des problématiques encore présentes ou pour consolider des acquis.

Le contenu des activités de suivi PDSP ne peut pas être pré-formaté puisqu’il doit absolument être conçu en fonction des besoins  qui varient considérablement d’un établissement à un autre ou d’un département à l’autre dans un même établissement. Ainsi, pour planifier une activité de suivi PDSP, le moniteur devrait préalablement s’informer de l’état de la situation en matière de déplacement de personnes et bâtir le contenu de sa formation en conséquence.

Parmi les informations pouvant l’aider à identifier la nature des besoins de mise à jour, on trouve :

  • Des questionnaires
  • Des rencontres avec les travailleurs
  • Des observations de tâches
  • Des consultations des statistiques des lésions professionnelles
  • Des demandes spécifiques d’un gestionnaire ou d’un service (ex. : admission d’une personne obèse ou achat d’un nouvel équipement, etc.)

Si vous voulez que les participants retiennent quelque chose qui leur sera utile et qui aura un impact sur les accidents du travail, il est essentiel de coller à leur réalité et de créer un contenu de formation spécifique à partir des informations que vous aurez recueillies.

Si vous constatez, par exemple, que les PDSP ne sont pas appliqués, vous devrez, avant même de planifier votre activité de suivi, en identifier la raison. Si les soignants n’appliquent pas les PDSB parce que l’équipement n’est pas disponible ou que les plans de travail ne sont pas à jour, vous aurez beau revenir sur les principes, ça ne fera aucune différence.

L’ASSTSAS souhaite vivement que ses formateurs saisissent l’opportunité créée par des demandes de mise à jour PDSP pour faire réfléchir les établissements sur leurs pratiques organisationnelles plutôt que donner une formation non personnalisée qui ne répondrait pas nécessairement à leurs besoins.

C’est pour cette raison que nous ne proposons aucun contenu de formation. Nous avons toutefois une grande quantité d’informations sur notre site dont vous pouvez vous inspirer pour bâtir votre contenu de formation, après avoir analysé les besoins et la situation dans votre établissement.

Enfin, n’oubliez pas que les conseillers de l’ASSTSAS sont à votre disposition pour vous aider à évaluer les besoins dans votre établissement et mettre en place des activités de suivi. N’hésitez pas à nous contacter !

(Date de parution : mai 2014 - Mise à jour en janvier 2022)
 

1.3 - Quelle devrait être la durée des activités de suivi PDSP ?

Il n’y a aucun standard à ce sujet. La durée des activités de suivi varie de 15 minutes à une journée complète. Toutefois, plusieurs critères peuvent entrer en ligne de compte pour vous aider à faire les bons choix :

  • Quantité et type de contenu à couvrir
  • Nature de l’activité proposée : théorie / atelier pratique / démonstration, etc.
  • Nécessité ou non de revenir sur certaines notions de base
  • Nombre de personnes qui doivent participer à l’activité
  • Facilité à libérer le personnel
  • Budgets
  • Lieu où l’activité aura lieu (ex. : unités de soins ou salle de formation)
  • Etc.

L’important est, avant tout, de s’assurer de répondre aux besoins des participants et de tenir compte de la réalité de l’établissement. Des petites capsules de 15 minutes, données directement sur les unités de soins, peuvent être aussi bénéfiques que des journées entières de formation, surtout si leur contenu a été bien ciblé.

(Date de publication : mai 2014 - Mise à jour janvier 2022)

1.4 - Les travailleurs qui ont une carte PDSB doivent-ils suivre la nouvelle formation PDSP ?

La carte PDSB ne comporte pas de date d’expiration : elle demeure toujours valide. Toutefois, la refonte de la formation est une occasion en or de proposer des activités de suivi PDSP afin de mettre à jour les connaissances des travailleurs. L’écoute de la formation en ligne PDSP (PDSP - volet théorique) est fortement recommandée et contribuera à uniformiser le discours et la compréhension des méthodes de déplacement sécuritaire.

(Date de publication : janvier 2022)

 

Thème 2 - Enseignement des PDSB comme travailleur autonome

2.1 - Un établissement qui n’a pas de moniteur PDSP me demande de donner de la formation à son personnel. Suis-je autorisé à donner la formation à titre de travailleur autonome et quelles sont les règles à respecter ?

En tant que moniteur PDSP accrédité par l’ASSTSAS, vous avez le droit de proposer vos services pour faire pratiquer les méthodes de déplacement sécuritaire à des travailleurs en cours d’emploi, dans tout type d’établissement, privé ou public, et faire émettre des cartes PDSP.  Si vous faites émettre des cartes PDSP, vous devez néanmoins vous conformer aux mêmes standards que si vous donnez la formation PDSP dans votre établissement.

(Date de publication : mars 2014 - Mise à jour en janvier 2022)

2.2 - Un établissement qui n’a pas de moniteur PDSP me demande de donner de la formation à son personnel. À titre de moniteur-consultant, combien devrais-je facturer pour donner la formation ?

Contrairement aux standards de formation qui sont établis par l’ASSTSAS et qui doivent être respectés, il n’existe pas de règle pour déterminer les honoraires qu’un moniteur PDSP peut exiger lorsqu'il offre ses services comme moniteur-consultant.

Par ailleurs, il existe certains principes commerciaux à prendre en considération lorsque vient le temps de déterminer le montant à facturer à un client pour la diffusion d’une formation. On commence par une estimation du temps requis pour préparer et diffuser ladite formation. Pour estimer le temps à investir, on peut se poser les questions suivantes.

  • Est-ce que je connais le type de clientèle et l’établissement où la formation devra être diffusée ?
    Si la réponse est non, combien de temps dois-je prévoir pour me familiariser avec ceux-ci afin que ma formation soit bien adaptée à leur réalité et à leurs besoins ?
  • Vais-je donner cette formation à une seule occasion dans cet établissement ou de façon régulière ?
  • Serai-je responsable de fournir les équipements requis pour la formation (projecteur, ordinateur, lit, lève-personne, etc.) ou est-ce l’établissement qui s’assurera que tout sera en place à mon arrivée ?
  • Combien de temps est-il prévu pour le suivi après la formation (suivis individuels et suivi des impacts dans l’établissement) ?
  • Combien de temps dois-je consacrer à donner la formation, en incluant mon temps de déplacement, le temps de préparation, le rangement de la salle de formation, etc. ?

Une fois cette estimation de temps complétée, le moniteur PDSP peut établir son prix à partir du tarif horaire souhaité. Ce coût variera, par exemple, en fonction des qualifications et de l’expérience du moniteur, de l’offre et de la demande, de la région géographique, etc.

Il faut également inclure les frais liés aux cahiers du participant, aux cartes d’attestation, aux frais de déplacement, etc.

Par ailleurs, plusieurs services de formation des commissions scolaires offrent la formation PDSP et proposent une tarification établie par la convention collective des enseignants à la formation aux adultes. Si vous enseignez dans ce type d’organisation, vous devrez  accepter la rémunération préalablement déterminée.

(Date de publication : mars 2014 - Mise à jour en janvier 2022)

 

Thème 3 - PDSB enfants

3.1 - À partir de quel poids recommande-t-on aux intervenants d’utiliser un lève-personne (ou tout autre équipement) avec les enfants qui n’ont pas l’autonomie pour se déplacer seuls ?

C’est la question à 100 $ ! Malheureusement, la réponse n’est pas si simple...

Dans la vie de tous les jours, les parents prennent quotidiennement leurs enfants non handicapés dans leurs bras jusqu’à ce que ceux-ci soient capables de marcher. À ce moment, le parent aura le réflexe de dire à son enfant « Maman (ou Papa) t’aime beaucoup, mais je ne te soulève plus, tu es devenu trop lourd. Tu es capable de marcher tout seul ». La nature étant bien faite, cet âge permet à l’enfant d’assouvir son besoin d’autonomie et au parent de s’accorder un peu de repos !

Avec des enfants présentant des déficiences motrices, l’autonomie dans les déplacements n’est pas au rendez-vous. Les intervenants auprès de l’enfant et la famille ne peuvent pas compter sur la même évolution des capacités pour espérer donner un répit à leur dos. Il est donc pertinent de se questionner sur la notion de soulèvement de charge maximale sécuritaire.

L’organisme britannique Health and Safety Executive (HSE) a produit des tables de valeurs limites de manutention de charges en fonction de la hauteur de prise, de la distance et du sexe de l’employé. En se basant sur une fréquence de soulèvement de deux fois par heure, on constate que, dans des conditions idéales - soit près du corps, à la hauteur de la taille, avec une charge stable et avec une bonne prise - la charge maximale recommandée pour une femme est de 16 kg, soit 35 lb. Dans des postures contraignantes, cette valeur limite est réduite à 3 kg (ou 6,6 lb).

Figure 1  Valeurs limites selon le sexe, la distance et la hauteur de prise et de dépôt
(Source : Health and Safety Executive (HSE), Getting to grips with manual handling, United Kingdom, p. 10)

Or le travail auprès d’enfants présentant des déficiences motrices conduit souvent à des mobilisations à partir du sol. Les charges maximales acceptables sont donc plus près des valeurs minimales du tableau.

Plusieurs facteurs peuvent influencer le degré de difficulté du travail auprès des enfants présentant des déficiences motrices, comme, par exemple, les tâches à effectuer, les caractéristiques de l’enfant, ses capacités physiques et cognitives, le nombre d’enfants dont il faut s’occuper, etc. Ces derniers présentent souvent de l’hypotonie, ce qui rend la prise instable et difficile lors des mobilisations. Le contexte de travail différe aussi de la situation familiale, car les travailleurs doivent réaliser une quantité plus importante de mobilisations dans la journée, compte tenu des nombreux enfants traités.

Ces enfants devront recevoir des soins à long terme. Ils vont grandir, vieillir et s’alourdir sans atteindre le niveau d’autonomie dans leurs déplacements. Leur poids dépassera alors largement la charge maximale acceptable en conditions optimales.

Courbe âge vs poids (Source : Wikipédia)

Quel choix s’offre alors aux soignants ? Comme pour la clientèle adulte, les principes de déplacement sécuritaire de personnes (PDSP) s’appliquent. Il faut éviter tout soulèvement d’enfant et favoriser au maximum l’utilisation d’équipements de mobilisation et de transfert. À défaut, il faut trouver des solutions de rechange pour rouler, glisser ou faire pivoter les enfants plutôt que les soulever. Des lève-personnes, des verticalisateurs, des petits bancs à roulettes et des surfaces de glissement devraient mis à la disposition des employés.

L’ASSTSAS a développé une formation PDSB adaptée à la clientèle pédiatrique ainsi qu’une série de vidéos démontrant des équipements et différentes stratégies afin de mobiliser ces jeunes clients dans le respect des PDSB.

Pour tous les milieux qui accueillent une clientèle pédiatrique présentant des déficiences motrices, il est donc primordial d’analyser l’ensemble de la situation de travail afin de prévoir des conditions pour que l’assistance à ces enfants puisse être exécutée de façon sécuritaire pour les soignants et les enfants. Celles-ci passent par l’ajout d’équipements de mobilisation et de transfert, l’aménagement sécuritaire des lieux, l’établissement de procédures sur l’évaluation et la diffusion des méthodes de transfert recommandées pour chaque personne, la formation PDSP, la sensibilisation à utiliser les équipements de transfert, etc.

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Intégrer un enfant ayant une déficience motrice dans les services de garde. Sans pépins, vol. 15 no 2, juin 2013.

(Date de publication : juillet 2014 - Mise à jour en janvier 2022)

 

Thème 4 - Utilisation de la civière-douche

4.1 - Existe-t-il des lignes directrices à suivre concernant le nombre de soignants lors de l’utilisation de la civière-douche ?

La question concerne autant la sécurité de la personne que celle du ou des soignants impliqués dans les situations de travail d’utilisation de la civière-douche. L’ASSTSAS est un organisme dont la mission est l’amélioration de la santé et de la sécurité des soignants. Cependant, on ne peut, bien sûr, faire la promotion de la sécurité des soignants aux dépens de celle des personnes qui reçoivent les soins. Ainsi, certains conseils sont en lien avec la gestion des risques et nous vous suggérons d'en référer à vos instances dans ce dossier : gestionnaire de risques et commissaire aux plaintes.

Risques lors de l’utilisation de la civière-douche

Comme la question de l'intervention seul ou à deux soignants sous-entend la notion de risque, analysons d’abord les risques présents dans l’utilisation de la civière-douche :

  • Pour la personne qui reçoit le soin
    • Risque de chute de la civière-douche
      • Au moment des transferts lit-civière-douche (civière-douche-lit, civière-douche-fauteuil)
      • Pendant l’hygiène au moment des manœuvres pour tourner la personne sur le côté
  • Pour les soignants
    • Risque de séquelles psychologiques
      • En cas de chute de la personne qui reçoit le soin
    • Risque de postures contraignantes et d’efforts excessifs
      • Pour transférer, tourner et habiller la personne quyi reçoit le soin

Lignes directrices pour l’utilisation de la civière-douche

Les lignes directrices que nous connaissons sont

  • Ce qui est publié sur le site Internet de Arjo Canada1 concernant son modèle Concerto nommé Chariot-douche.
    « Avertissement 
    Pour éviter que le patient ne tombe ou que le personnel ne se blesse, deux soignants au moins doivent être présents lors du transfert.
    »
  • Ce que l’ASSTSAS a déjà publié
    « D’abord, il est préférable d’effectuer ce type de toilette à deux soignants. Cela facilite beaucoup la préparation du client ainsi que les transferts. Avec un client présentant des déficits cognitifs, être deux permet de mieux appliquer et de maintenir l’approche relationnelle. » (« La civière-douche : bien-être pour le client, sécurité pour le soignant ». Objectif prévention, vol. 25, no 4, septembre 2002)
  • Ainsi que notre vidéo sur la civière-douche

Cependant, le travail à deux ne garantit pas à lui seul que la tâche sera exécutée de manière plus sécuritaire. Seul ou à deux soignants, la sécurité dépend aussi d’autres facteurs : les caractéristiques de la personne, la méthode d’exécution de la tâche, le temps dont on dispose pour ce soin, l’état de l’équipement, les caractéristiques de la salle d’eau où on effectue cette activité, sans oublier les pratiques organisationnelles, objet de la question.

Concernant la méthode d’exécution de la tâche, particulièrement avec des personnes qui peuvent s’agiter, l’ASSTSAS a écrit  : « En résumé, durant la toilette, un soignant demeure en relation avec le client par le regard, la parole et le toucher pendant que l’autre effectue les gestes de la toilette. Les soignants peuvent alterner ces rôles. Les communications entre eux sont limitées aux besoins de la tâche. Ainsi, la présence des soignants est entièrement dévolue au client. » (Objectif prévention, vol. 25, no 4, 2002, p. 30-32).

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1 Notice d'utilisation Concerto/Basic, p. 27

(Date de publication : mars 2014 - Mise à jour en janvier 2022)

4.2 - Est-ce qu’un préposé aux bénéficiaires ou un autre aidant seul peut effectuer l’hygiène d'une personne à la civière-douche si la tâche a été évaluée comme sécuritaire ? Si oui et si un accident survient, est-ce que nous pouvons être blâmés ?

Selon l'ASSTSAS, la pratique organisationnelle qui assure la sécurité de la personne et celle du ou des soignants n’est pas nécessairement que la tâche soit exécutée à deux, mais plutôt que l’on ait déterminé, par une évaluation d’équipe incluant les préposées aux bénéficiaires, la méthode de travail la plus appropriée pour chaque personne qui doit recevoir le soin. C’est ce qui est prévu dans la Loi sur les services de santé et les services sociaux, à l'article 102 : le plan d’intervention.

Quant à savoir si on peut être en tort (faute) si un accident survient avec une personne pour laquelle on aurait évalué qu’il était sécuritaire d’effectuer l’hygiène à la civière-douche seul, chaque cas est unique et doit être examiné pour déterminer le « tort ». On peut cependant rappeler que, concernant la sécurité des personnes, nous avons une obligation de moyens, non de résultats. Le choix des moyens doit résulter d’une évaluation selon les meilleurs critères ou règles de l’art. « La norme est celle du bon professionnel moyen, prudent et compétent (règles de l’art) placé dans les mêmes circonstances. » (Me Gary Mullins. Le droit est-il la seule force qui puisse stopper un usager dans sa chute ?, 2e colloque « chutes » organisé par l’Institut universitaire de gériatrie de Montréal, 2004.).

Par exemple, à la suite d’un accident mortel lors de l’utilisation du lève-personne, le CSSS de la Vieille-Capitale s’est doté d’une démarche de détermination de la méthode spécifique à chaque personne.

Autre exemple : la cour (Laviolette c. Centre hospitalier Hôtel-Dieu de Saint-Jérôme, 2003, Cour supérieure, no 700-05-011567-025) a rejeté qu’il y ait eu faute dans le cas d’une dame qui a chuté du lit à l’urgence du Centre hospitalier Hôtel-Dieu de Saint-Jérôme. On ne l’avait pas contentionnée et on n’avait pas relevé les ridelles. Les informations au dossier montraient que les infirmières en cause avaient agi selon les règles de l’art : elles avaient utilisé la Grille d’évaluation des risques de chute et pris en considération les observations de collègues ainsi que leur propres observations à l’effet que la dame était capable de circuler autour de son lit, de se mobiliser entre son lit et son fauteuil, qu’elle ne souffrait d’aucune confusion ni perte de lucidité.

Rappelons que vos instances locales, gestionnaire de risque et commissaire aux plaintes, sont vos meilleures ressources pour déterminer la règle propre à votre établissement.

(Date de publication : mars 2014 - Mise à jour en janvier 2022)

 

Thème 5 - Utilisation du lève-personne (mobile au sol ou sur rail au plafond)

5.1 - Lors d’un transfert du lit au fauteuil roulant avec un lève-personne, doit-on appliquer les freins sur le fauteuil roulant ?

À moins d’indication contraire du fabricant, on applique les freins sur le fauteuil roulant mais pas sur le levier mobile au sol, selon la méthode ci-dessous.
  • Installer la personne dans la toile et la lever à l’aide du levier
  • Appliquer les freins du fauteuil roulant
  • Approcher le levier du fauteuil roulant jusqu’à ce que les fesses de la personne appuient sur le dossier, ce qui fera basculer le fauteuil légèrement vers l’arrière
  • Descendre la personne dans le fauteuil roulant sans appliquer les freins du lève-personne, en s’assurant que ses fesses demeurent en contact avec le dossier tout au long de la descente. Ainsi, on s’assure que la personne sera assise bien au fond du fauteuil et on évite de la repositionner
  • Le soignant peut aussi appliquer une légère pression sur la personne pour la diriger bien au fond du fauteuil. Si les freins du fauteuil roulant n’étaient pas appliqués, ce dernier reculerait, ce qui nuirait à l’efficacité de la manœuvre
  • Les freins du levier n’étant pas appliqués, il se replacera de lui-même, évitant ainsi que le mat frappe la tête la personne.

(Date de publication : mai 2016 - Mise à jour en janvier 2022)

5.2 - La réponse est-elle la même si on travaille seul ou à deux intervenants ?

L’application des freins du fauteuil roulant permet d’asseoir la personne au bon endroit du premier coup. Ainsi, on utilisera la même méthode avec deux intervenants et pour les mêmes raisons, c’est-à-dire ne pas devoir déployer d’efforts pour repositionner la personne après l’avoir transférée.

On voit parfois le deuxième intervenant basculer le fauteuil lors de la descente de la personne. Cette action donne un faux sentiment de sécurité et l’impression de faire quelque chose d’utile. Dans les faits, cela n’augmente en rien l’efficacité de la manœuvre. Le second soignant sera bien plus utile en demeurant en relation avec la personne pour la rassurer plutôt qu’en basculant son fauteuil.

(Date de publication : août 2016 - Mise à jour en janvier 2022)

5.3 - La réponse est-elle la même si on utilise un lève-personne mobile au sol ou un lève-personne sur rail au plafond ?

Oui. Qu’on utilise un levier mobile au sol ou sur rail au plafond, on applique les freins sur le fauteuil roulant pour asseoir la personne bien au fond du fauteuil.

(Date de publication : mai 2016 - Mise à jour en janvier 2022)

5.4 - La réponse est-elle la même si le transfert s’effectue dans un fauteuil gériatrique ?

Comme le fauteuil gériatrique ne bascule pas, on incline plutôt le dossier et l’assise vers l’arrière et on procède ensuite de la même façon qu’avec un fauteuil roulant en appliquant une légère pression sur la personne pour la diriger vers l’endroit souhaité.

(Date de publication : mai 2016 - Mise à jour en janvier 2022)

5.5 - La réponse est-elle la même lors du transfert inverse, c'est-à-dire du fauteuil au lit ?

Il n’est pas nécessaire d’appliquer les freins du fauteuil roulant lors du transfert du fauteuil roulant au lit. Cependant il faut tout de même s’assurer que le fauteuil reste sous le lève-personne pour que la montée demeure bien verticale. Par ailleurs, s’il faut mettre la toile au fauteuil, l’application des freins en facilitera l’installation.

(Date de publication : janvier 2017 - Mise à jour en janvier 2022)

5.6 - Est-il obligatoire de travailler à deux soignants lorsqu’on utilise le lève-personne ?

Il n’existe aucune norme ni législation obligeant à travailler à deux soignants lors de l’utilisation du lève-personne. Comme l’indique la norme CSA Z10535.2-17 dans la section 8.2.1, c’est l’évaluation des caractéristiques et des besoins de la personne par un professionnel de soins qualifié qui permet de statuer sur le nombre de soignants requis pour effectuer le transfert de façon sécuritaire (pour la personne et pour le soignant).

Parmi les éléments pertinents à évaluer, on note l’état de la personne (qui peut varier selon le moment de la journée), son niveau de compréhension, son état de santé, son poids, les contre-indications, etc. Ce sont les résultats de cette évaluation qui justifient le travail à un ou plusieurs soignants et qui doivent être consignés au dossier de la personne. Les recommandations relatives au nombre de soignants requis doivent être respectées en tout temps. 

Ainsi, dans un même établissement, il est possible de trouver des personnes qui doivent être déplacées à deux soignants alors que d’autres seront déplacées par un seul intervenant.

(Date de publication : août 2018 - Mise à jour en janvier 2022) 

5.7 - Est-ce que les caractéristiques et les besoins de la personne sont les seuls critères servant à déterminer si le lève-personne doit être utilisé à deux soignants ?

Les caractéristiques et les besoins de la personne constituent les critères les plus importants pour la détermination du nombre de soignants requis. Toutefois, d’autres considérations peuvent aussi justifier le recours à deux soignants. Par exemple, dans une chambre où les espaces de dégagement sont limités, on pourrait établir que le lève-personne doit toujours être utilisé par deux soignants pour réduire les risques.   

Le type de lève-personne peut également influencer la décision de travailler à un ou plusieurs soignants. L’utilisation d’un lève-personne sur rail au plafond comporte moins de contraintes qu’un lève-personne mobile au sol. On peut donc prévoir que le travail à un seul soignant sera plus courant avec un lève-personne sur rail au plafond.

Des établissements peuvent aussi mettre en place une politique rendant systématique le recours à deux soignants. Il s’agit alors d’une décision locale qui doit être documentée et faire l’objet d’une politique de l’établissement. Ce dernier doit alors s’assurer que les pratiques organisationnelles sont compatibles avec l’application de la politique (par exemple : il doit toujours y avoir deux soignants présents dans l’unité de soins).

D’autres établissements choisissent de se doter de critères pour déterminer quelles personnes doivent être déplacées à deux soignants. Par exemple 

  • Une personne de plus de x kg, agitée ou avec des spasmes
  • Une situation de travail où « on manque de mains » pour accomplir un soin à domicile
  • Un environnement non optimal
  • Etc.

Enfin, soulignons qu’à domicile, le deuxième soignant peut parfois être un membre de la famille, c’est-à-dire un proche aidant, pour autant qu’il ait été formé à l’utilisation de l’équipement.

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CSSS de la Vieille Capitale. Guide des pratiques sécuritaires lors de l’utilisation du lève-personne
CSSS Vaudreuil-Soulanges

(Date de publication : août 2018 - Mise à jour en janvier 2022) 

 

Thème 6 - Soins d'hygiène au lit avec ridelles

6.1 - Peut-on effectuer des déplacements au lit de façon sécuritaire lorsque les ridelles sont levées ?

Des ridelles relevées représentent un obstacle qui influence la posture du soignant. Il doit alors travailler avec les bras élevés (en flexion ou en abduction), ce qui constitue un risque de blessure aux épaules. De plus, cette posture rend plus difficile l’exécution d’un transfert de poids ou d’un contrepoids. En sollicitant moins ses jambes, le soignant force davantage avec le dos et les bras.

Il est donc préférable d’abaisser les ridelles lors des déplacements de la personne dans le lit, chaque fois que cela est possible. Certaines situations de travail requièrent toutefois de maintenir les ridelles élevées (ex. : personne très craintive), créant des risques lorsqu’on doit glisser la personne ou la rouler. On pourra alors réduire les risques pour le soignant en utilisant des rallonges (ex. : drap sous la personne) et en abaissant le lit pour la durée du déplacement.

(Date de publication : juin 2016 - Mise à jour en janvier 2022)

6.2 - La réponse est-elle la même pour les soins d’hygiène ?

Les soins d’hygiène devraient aussi être effectués avec les ridelles abaissées, chaque fois que cela est possible.

Toutefois, des équipements d’hygiène tels que la civière-douche ou la Toile-Nette sont conçus pour une utilisation avec les ridelles en position élevée afin d’éviter que l’eau tombe au sol. On utilisera alors des rallonges (ex. : drap sous la personne) et on procédera aux soins en abaissant le lit ou la civière de façon à ne pas travailler avec les bras élevés. On pourra aussi tourner la personne sur le côté de façon sécuritaire même si les ridelles sont levées (sauf rares exceptions, comme avec un soignant de très petite taille, par exemple).

Par ailleurs, il sera très important de bien positionner la personne avant le début des soins pour minimiser les occasions de la déplacer ensuite puisque, tel que décrit ci-dessus, les déplacements de la personne sont plus difficiles à effectuer de façon sécuritaire si les ridelles sont relevées.

Enfin, si on laisse les ridelles en position élevée parce que la personne est agitée, on devrait s’interroger sur la pertinence d’effectuer le soin ou le déplacement à ce moment précis. Est-il possible de n’effectuer le soin ou le déplacement que lorsque la personne sera calme ? Si la personne s’agite à chaque manœuvre, on devrait plutôt tenter d’en comprendre la raison et modifier l’approche plutôt que réaliser le soin ou le déplacement avec des ridelles élevées.

(Date de publication : juin 2016 - Mise à jour en janvier 2022)

 

Thème 7 - Stratégie de déplacement

7.1 - Peut-on, de façon sécuritaire, glisser une personne vers nous et la faire tourner ensuite vers le côté opposé ?

Il est possible, en effet, de glisser une personne vers soi et de l’aider ensuite à tourner du côté opposé, tout en respectant les PDSP.

Il faut noter toutefois que la personne s’éloigne du soignant lors de cette manœuvre. Il faut donc s’assurer qu’elle se sent pleinement en confiance et que la ridelle de lit soit montée du côté où elle tourne afin d’éviter tout risque de chute.

(Date de publication : janvier 2017 - Mise à jour en janvier 2022)

7.2 - La manœuvre de « glisser/tourner vers le côté opposé » est-elle sécuritaire ?

Oui, cette manœuvre peut être exécutée de façon sécuritaire dans certaines conditions.

Skotte J.H. et al. (2002)1 ont étudié la manœuvre pour quantifier la force de compression qu’elle produisait sur le disque intervertébral situé entre les vertèbres L4 et L5.

En comparant la force obtenue (2197 N) au seuil sécuritaire établi par le modèle NIOSH2 (3400 N), il apparaît que la manœuvre ne présente pas de risque au niveau lombaire lorsque la posture de base est respectée et que la prise est conforme au principe « pouces vers le haut ».

PDSP - Aide-mémoire posture

Cliquez sur les images pour les agrandir

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1 Skotte, J. H. et al. « A dynamic 3D biomechanical evaluation of the load on the low back during différent patient-handling tasks », Journal of Biomechanics. 35, 2002, p. 1357-1366.

2 National Technical Information Service. Support Documentation for the Revised 1991 NIOSH Lifting Equation, PB91-226274 (U.S. Department of Commerce, Springfield, VA, 1991.

7.3 - Peut-on utiliser un fauteuil d'aisance pour déplacer une personne sur de longs trajets, par exemple pour la conduire à la salle de bain située au bout du corridor (environ 40 m) ? Le fauteuil d’aisance devrait-il plutôt servir uniquement sur de courtes distances, par exemple à l’intérieur de la chambre ?

Initialement, le fauteuil d’aisance était destiné à fournir une toilette mobile près du lit de la personne. Avec le temps, ses fonctions ont évolué et il sert maintenant à amener une personne à la toilette autant qu’à la douche.

Il existe divers modèles, du plus simple au plus complexe. Certains fauteuils offrent plus de confort et de sécurité à la personne à cause de la dimension des roues, de la présence d’appuie-pieds, d’un dossier rembourré, d’une ceinture de taille, etc.

Pour savoir si un fauteuil peut être utilisé pour parcourir de longues distances, il faut s’en remettre aux recommandations du fabricant énoncées dans le guide d’utilisation. On y trouve aussi des consignes telles qu’éviter les seuils de porte, les tapis et les surfaces inégales. Sur le plan de la santé et de la sécurité du travailleur, les modèles munis de poignées et d’une roue directionnelle sont à privilégier pour faciliter les déplacements.

(Date de publication : avril 2018 - Mise à jour en janvier 2022)

7.4 - Lors d'une formation PDSP dans mon établissement, le moniteur a mentionné que le transfert de poids latéral n'est plus à prioriser pour remonter un patient à la tête du lit à deux intervenants. Le transfert de poids avant-arrière serait un meilleur choix. Faut-il bannir totalement le transfert de poids latéral de toutes les manœuvres ? Est-ce que l’ASSTSAS le préconise quand même dans certaines circonstances ?

Afin de déterminer si une manœuvre est sécuritaire, l’ASSTSAS se base sur les recherches scientifiques qui évaluent les forces de compression et de cisaillement au niveau lombaire lors d’un déplacement. Nous comparons ensuite ces données à des valeurs maximales de référence. Pour les forces de compression, le National Institute for Occupational Safety and Health (NIOSH) établit la limite sécuritaire à 340 N et, pour les forces de cisaillement, à 330 N.

Plusieurs études ont démontré que le fait de remonter une personne en transfert de poids latéral vers la tête de lit entraîne des contraintes de cisaillement importantes, soit des forces exercées de plus de 385 N au niveau L4/L51. En se basant sur le seuil de 330 N établi par le NIOSH, on s’aperçoit que cette manœuvre engendre des forces de cisaillement au-delà des seuils sécuritaires. De plus, nous avons observé dans les milieux de travail que le transfert de poids latéral n’est pas toujours bien maîtrisé et qu’il est souvent réalisé en soulevant la personne, ce qui augmente les risques de blessures2. Ces constats nous ont amenés à remettre en question la sécurité de cette tâche. C’est dans cette optique que le transfert de poids latéral pour remonter une personne à la tête du lit a été banni de nos enseignements.

Comme la formation PDSP l’enseigne, il faut toujours favoriser l’utilisation des équipements mécaniques lorsque les efforts pour déplacer une personne risquent d’être excessifs.  Des draps de repositionnement à laisser sous la personne au lit sont maintenant offerts sur le marché. Ils permettent de mécaniser la tâche en utilisant le lève-personne pour remonter la personne à la tête du lit. Des matelas de transfert à air réduisent aussi de façon importante les efforts des soignants lors des repositionnements au lit. Aux États-Unis, il existe même un système d’enroulement mécanique du drap qui rehausse la personne descendue dans son lit, et ce, sans effort de la part des soignants (voir Hercules Patient Repositioner).

Si ces équipements ne sont pas disponibles, il faut privilégier d’autres méthodes, telles que le transfert de poids avant-arrière, le contrepoids avec un genou dans le lit, l’utilisation maximale des capacités de la personne, l’ajout de surfaces de glissement, le positionnement du lit en déclive, etc. C’est ce que nous enseignons à nos moniteurs PDSP et c’est ce qui est retransmis aux employés du réseau. Il est démontré que les efforts de compression et de cisaillement peuvent être réduits de façon significative lors de la remontée à la tête du lit lorsque les méthodes sécuritaires sont enseignées aux travailleurs3.

Une autre étude4 démontre que l’utilisation du transfert de poids latéral peut être sécuritaire si la personne s’aide, si un tapis antidérapant placé sous ses pieds lui permet de participer à la manœuvre et si une surface de glissement est installée sous elle pour réduire la friction. Par ailleurs, l’étude de Winkelmolen5 démontre la variation des efforts de compression et de cisaillement en fonction de la méthode utilisée pour remonter une personne à la tête de lit, de même que la diminution des efforts pour une même méthode si la personne est de plus petit poids.

Ces données nous ont amenés à conclure que le transfert de poids latéral est acceptable en pédiatrie pour remonter un jeune enfant dans le lit, et ce, en utilisant des surfaces de glissement. Actuellement, il s’agit de la seule situation où cette méthode est enseignée pour remonter une personne à la tête du lit. Le transfert de poids latéral est également enseigné pour aider une personne à se lever d’un fauteuil (transfert assis à debout).

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1 Skotte. Low Back Injury Risk during Repositioning of Patient in Bed, 2008 / Skotte. A Dynamic 3D Biomechanical Evaluation of the Load on the Low Back during Different Patient Handling Tasks, 2002
2 Proteau, RA. « Méthodes et efforts requis pour remonter un bénéficiaire à la tête du lit », OP, vol. 26 no 3, 2003
3 Schibye.Biomecanical Analysis Effect Changing Patient, 2003
4 Jager. Lumbar-Load Analysis of Manual Patient Handling Activities for Biomechanical Overload Prevention among Healthcare Workers, 2012
5 Winkelmolen. Evaluation Patient Lifting Techniques, 1994

(Date de publication : août 2018 - Mise à jour en janvier 2022)

 

Thème 8 - Efforts pour pousser/tirer un fauteuil roulant

8.1 - Quelles sont les normes sécuritaires lorsqu’on doit pousser le fauteuil roulant d’une personne qui ne s’aide pas pour la propulsion ?

Sur le plan ergonomique, pousser un fauteuil roulant n’est pas très différent de pousser un chariot.

Sur le site Internet de l’ASSTSAS, vous trouvez, dans le dossier thématique Équipement, la section Évaluation des efforts associés à la conduite des chariots. L’évaluation du risque relié aux efforts requis pour pousser ou tirer un équipement roulant y est décrite.

Au Québec, il n’existe pas de norme concernant les efforts pour pousser (ou tirer). Sur notre site, on renvoie à la norme NF X35-109 (20011/10) de l’Association française de normalisation (AFNOR) qui établit des valeurs de forces (initiale et de maintien) pour pousser ou tirer en définissant 3 zones de risques (inacceptable, sous conditions, acceptable) selon la fréquence de l’action. La force initiale est la force nécessaire pour amorcer le déplacement. La force de maintien est la force nécessaire pour maintenir le déplacement à une vitesse constante. On y décrit aussi une méthode de mesure qui utilise un dynamomètre, appareil qui mesure directement la force. L’unité de mesure de la force est le Newton (N). On utilise aussi le kg-force. Le rapport entre les deux est de 9,8, généralement arrondi à 10. Ainsi, 100 N sont sensiblement équivalents à 10 kg-force.

L’organisme gouvernemental britannique responsable de la prévention en santé et en sécurité, le Health and Safety Executive (HSE) fournit aussi des repères (guidelines) de force pour l’évaluation du risque lié aux situations comportant l’action de pousser (ou tirer) dans son document Manual Handling Operations Regulations, 1992, 4e édition, 2016, ligne 129.

 HommeFemme
Repères pour la force initiale

20 kg-force (approximativement 200 N)

15 kg-force (approximativement 150 N)

Repères pour la force de maintien

10 kg-force (approximativement 100 N)

7 kg-force (approximativement 70 N)

Ces repères, plus ou moins équivalents à ceux de l’AFNOR, sont utilisés comme référence par la suite dans ce document.

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Health and Safety Executive (HSE) Manual Handling Operations Regulations 1992, 4e édition, 2016
Health and Safety Executive (HSE) Manual Handling Operations Regulations 1992, 3e édition, 2014

(Date de publication : août 2018 - Mise à jour en janvier 2022)

8.2 - À partir de ces références, quel est le poids maximal de la personne que l’on peut pousser de façon sécuritaire ?

Dans la 3édition de ce même document1, HSE indique que, s’il n’est pas possible de mesurer la force pour pousser (ou tirer), celle-ci peut être estimée grossièrement à 2 % du poids de la charge totale sur une surface plane et avec un équipement en très bon état. Si l’on applique cette suggestion de HSE, on peut estimer que, dans des conditions idéales et pour respecter le repère de force initiale maximum de 15 kg-force pour les femmes, le poids de la charge totale ne devrait pas dépasser 750 kg (soit 750 kg x 0,02). Si l’on prend pour exemple un fauteuil roulant de 81 cm (32 pouces) de largeur dont le poids est de 60 kg, on pourrait pousser une personne pesant jusqu’à 690 kg tout en respectant le repère de force maximum pour les femmes dans des conditions idéales.

Cependant, dans une étude visant à comparer les efforts de poussée d’un fauteuil roulant avec des poids totaux allant de 92 kg à 125 kg) entre un plancher « normal » (vinyle de 2 mm) et un plancher « absorbant » (vinyle de 2 mm par-dessus 8,3 mm de Sorbothame, une matière absorbant les chocs), les auteurs ont plutôt mesuré un ratio de 4 % sur le plancher normal et 5 % sur le plancher absorbant les chocs (Minns et collab., 20112). Si l’on utilise ce ratio plus réaliste de 4 %, le poids maximum de la personne pouvant être poussée dans le fauteuil roulant de façon sécuritaire serait alors de 315 kg. On peut déduire qu’en présence d’un revêtement de sol offrant davantage de résistance ou d’un fauteuil roulant en mauvais état, ce poids serait encore réduit.

Le repère de poids maximum n’est pas le seul facteur à considérer dans la détermination du risque relié au déplacement d’une personne obèse en fauteuil roulant. Il faut aussi considérer 

  • La qualité des roulements à billes
  • La qualité des roues (type de bande de roulement, type de pneu, qualité du gonflage des pneus, etc.)
  • La hauteur et la qualité de la prise (de poussée) sur le fauteuil
  • Le type de surface sur lequel est effectué le déplacement
  • Les caractéristiques du trajet (distance, virages, giration, obstacles, autres)
  • La présence de pentes à franchir

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1 Health and Safety Executive (HSE) Manual Handling Operations Regulations 1992, 3e édition, 2014
2 Minns, J., Tracey, S., "Wheelchair pushing forces over a vinyl and a new shock-absorbing flooring". British Journal of Occupational Therapy, janvier 2011, 74 (1), p. 41-43
ROBERTS, Jessie et collab., Keeping the Wheels Turning: A research project investigating the needs of carers supporting people who use wheelchairs, Ed. PAMIS, University of Dundee, R.-U., avril 2011

(Date de publication : août 2018 - Mise à jour en janvier 2022)

8.3 - Quel est l’impact des pentes sur l’effort à déployer lors de la poussée d’un fauteuil roulant ?

Le passage par une pente influence énormément l’effort requis. HSE (ligne 183, 4e édition, 20161) indique, selon la pente la force supplémentaire requise 

  • Si la pente respecte un ratio de 1:12 ou 4,8 % (code du bâtiment), il faut ajouter 8,25 kg-force par 100 kg de poids
  • Si la pente respecte un ratio de 1:20 ou 3 % (repère pour l’accessibilité), on ajoute 5 kg-force par 100 kg de poids

Utilisons l’exemple d’une personne de 115 kg dans un fauteuil roulant « ordinaire » de 20 kg. L’effort requis pour pousser le fauteuil en utilisant une approximation conservatrice de 4 % est de 5,4 kg-force, ce qui est bien en-dessous du repère de 15 kg-force. Si l’on doit pousser ce fauteuil dans une pente 1:12, alors il faut ajouter 8,25 kg-force par 100 kg de poids, soit un total de 16,5 kg-force, ce qui dépasse le repère de 15 kg-force. Si la pente est plus douce, avec un ratio 1:20, l’effort requis est alors de 12 kg-force, tout juste sous le repère de 15 kg-force.

Roberts et collab.2 ont aussi fait des approximations en utilisant un ratio de 10 % (encore plus conservateur) pour des pentes 1:12 et 1:14, et ont ainsi établi que le repère de 15 kg-force pour les femmes et de 20 kg-force pour les hommes pour l’effort initial de poussée est respecté lorsque le poids total est d’environ 100 kg.

Le passage par une pente introduit manifestement un risque supplémentaire, qui s’ajoute au risque « d’échapper » la personne en descendant.

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1 Health and Safety Executive (HSE) Manual Handling Operations Regulations 1992, 4e édition, 2016
2 ROBERTS, Jessie et collab., Keeping the Wheels Turning: A research project investigating the needs of carers supporting people who use wheelchairs, Ed. PAMIS, University of Dundee, R.-U., avril 2011

(Date de publication : août 2018 - Mise à jour en janvier 2022)

8.4 - Face à une situation à risque

  • Prévoir des trajets uniquement sur surface plane 
  • Éviter le passage par une pente avec tout fauteuil roulant qui doit être propulsé manuellement 
  • Utiliser un équipement motorisé pour franchir une pente 
  • Prévoir des trajets comportant un minimum de virages

Il est à noter que propulser le fauteuil roulant à deux réduit le risque, mais que les prises normales d’un fauteuil roulant ne sont pas adaptées pour la poussée à deux. Celles-ci devraient être remplacées par une barre de poussée. 

(Date de publication : août 2018 - Mise à jour en janvier 2022)