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Événement traumatique — Je suis un collègue ou un représentant syndical

 

Ce dossier s’adresse aux paramédics, terme généralement utilisé pour désigner les techniciennes et les techniciens ambulanciers paramédicaux. Il s'adresse aussi aux répartiteurs médicaux d’urgence de même qu’aux organisations ambulancières, et aux personnes en lien avec ces travailleurs des soins préhospitaliers d’urgence.

Le contexte de travail des paramédics diffère d’un milieu à l’autre. Certaines informations doivent être adaptées à votre situation. Une partie de ce dossier peut aussi s’avérer pertinente pour le personnel qui occupe un emploi dans un domaine autre que celui des paramédics.

Ces informations vous permettent de bien comprendre le risque d’exposition à des événements  traumatiques au travail et les conséquences possibles pour la santé et la sécurité du travail (SST) des paramédics. Elles visent aussi à préparer et à outiller le secteur paramédical du Québec pour faire face aux événements à potentiel traumatique. Notez que les termes « événement traumatique » et « événement à potentiel traumatique » sont utilisés sans distinction.

La page Événement traumatique  — Généralités donne la définition d’un événement à potentiel traumatique. Vous y trouvez les diverses réactions post-traumatiques possibles, la différence entre le trouble de stress post-traumatique et le trouble de stress aigu de même que les conséquences de ces réactions au niveau du travail et dans la vie personnelle.

Si vous êtes un collègue ou un représentant syndical d’un paramédic qui a vécu un événement traumatique, voici des informations complémentaires.

Bonne navigation !

 


Sommaire

  1. L’exposition à un événement traumatique peut engendrer diverses réactions chez la personne touchée. Comment puis-je reconnaître ces réactions chez un collègue ?
  2. Comment puis-je approcher un collègue qui ne va pas bien ?
  3. Quels sont les comportements à adopter pour aider un collègue qui ne va pas bien ?
  4. En quoi le soutien des collègues peut-il être utile après un événement traumatique ?

1. L’exposition à un événement traumatique peut engendrer diverses réactions chez la personne touchée. Comment puis-je reconnaître ces réactions chez un collègue ?

Votre collègue ne vous dira pas nécessairement qu’il ne va pas bien. Toutefois, vous pouvez remarquer des changements dans ses comportements et ses attitudes. Par exemple, vous observez qu’il s’isole au centre opérationnel ou dans sa vie personnelle, qu’il est plus fatigué qu’à l’habitude, plus irritable, moins rieur, d’humeur triste. Vous voyez qu’il s’absente du travail, qu’il est moins alerte dans l’accomplissement des tâches, trop prudent ou moins confiant dans des interventions de routine, qu’il se tient en retrait lors des interventions.

Si un collègue vous dit ressentir plusieurs réactions de stress post-traumatique (voir la page Événement traumatique — Généralités ), il présente peut-être un trouble de stress post-traumatique. Cependant, soyez attentif à ne pas poser vous-même un diagnostic. Encouragez plutôt votre collègue à demander de l’aide.

Parfois, d’autres problèmes masquent des réactions post-traumatiques ou apparaissent en même temps que le stress post-traumatique, par exemple consommer en plus grande quantité (alcool, drogues, médicaments d’ordonnance), avoir des comportements autodestructeurs, prendre des risques inutiles ou présenter des idées suicidaires, avoir des problèmes conjugaux, être d’humeur dépressive.

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2. Comment puis-je approcher un collègue qui ne va pas bien ?

Passez à l’action lorsque vous remarquez qu’un collègue ne va pas bien. Les paramédics sont formés pour rester forts et en contrôle. Toutefois, ce sang-froid dont ils doivent faire preuve au quotidien pourrait les empêcher de demander de l’aide. Pour certains paramédics, cet appel à l’aide révélerait leur vulnérabilité.

Approchez votre collègue discrètement, de façon individuelle et au moment opportun. Commencez par lui dire ce que vous avez remarqué, ce qui vous laisse croire qu’il ne va pas bien (ex. : « J’ai remarqué ces derniers temps que tu t’isoles du groupe », « J’ai remarqué que tu sembles plus irritable »). Faites-lui part de vos inquiétudes. S’il reconnaît qu’effectivement il ne va pas très bien, vous pouvez lui demander ce qui se passe pour en apprendre plus. Ensuite, demandez-lui ce que vous pouvez faire pour l’aider. Rassurez-le, dites-lui que votre conversation demeure confidentielle. Si votre collègue ne montre pas d’ouverture pour en parler maintenant, dites-lui que vous restez disponible s’il souhaite vous en parler à un autre moment.

Restez proactif et demandez-lui la permission de reprendre de ses nouvelles dans une semaine (ex. : « Si c’est correct avec toi, je vais te redemander comment tu vas dans quelques jours. D’ici là, reviens me voir si tu as besoin de quoi que ce soit »). Il est possible que votre collègue ne reconnaisse pas qu’il rencontre des difficultés. Souvent, ce sont les autres qui voient les changements avant la personne concernée. Votre intervention pourrait amener votre collègue à s’observer davantage dans les jours suivants et à remarquer des changements qu’il n’avait pas perçus auparavant. Si vous vous sentez à l’aise, retournez le voir une semaine plus tard pour évaluer son ouverture à parler de ce qui ne va pas.

Si vous remarquez qu’il est ébranlé depuis la survenue d’un événement traumatique, posez-lui quelques questions.

  • Es-tu vraiment prêt à revivre un autre événement marquant si tu continues ton travail habituel de paramédic ?
  • As-tu l’énergie nécessaire pour revivre un autre événement ?
  • Te sens-tu capable de travailler de façon sécuritaire ?

Proposez-lui des solutions comme d’en parler à son supérieur, à un représentant syndical, de consulter un médecin, un psychologue ou un psychothérapeute. Vous pouvez lui offrir de l’accompagner dans ces démarches, d’appeler avec lui le Programme d’aide aux employés (PAE) ou une autre ressource pouvant l’aider. Continuez de veiller sur lui. La bienveillance, plutôt que la surveillance, est de mise.

Si vous craignez qu’il présente des idées suicidaires

Posez-lui directement la question : « As-tu des idées suicidaires ? » ou « Penses-tu au suicide ? ». S’il répond oui, vérifiez : « As-tu déterminé un moment pour le faire et par quel moyen ? ». Démontrez votre bienveillance en lui disant : « Je suis inquiet. C’est pour ça que je pose la question ». Ne restez pas seul avec cette information.

Si l’urgence n’est pas imminente, demandez-lui à qui vous pouvez en parler ensemble, que ce soit à son supérieur, à un collègue en qui il a confiance, son représentant syndical, son conjoint ou sa conjointe, un ami ou un membre de la famille. Dites-lui  : « C’est trop important pour que je reste seul avec ce que tu viens de me confier. À qui puis-je en parler et comment veux-tu qu’on lui en parle ? ».

Assurez-vous que l’autre personne est une alliée et non quelqu’un en conflit avec votre collègue. De façon discrète, parlez ensemble à cette autre personne pour établir un filet de sécurité et veiller au bien-être de votre collègue. Pour mobiliser l’autre personne dans des comportements de soutien, dites-lui : « Mon collègue ne va pas bien ces temps-ci, peux-tu veiller sur lui ? Il aurait besoin de rester entouré dans les prochains jours ».

Encouragez votre collègue à consulter un professionnel et proposez-lui d’appeler ensemble le Programme d’aide aux employés (PAE) ou une autre ressource pouvant l’aider (ex. : Ligne québécoise de prévention du suicide). Prenez de ses nouvelles dans les jours suivants et pendant un certain temps, jusqu’à ce que vous constatiez qu’il va mieux. Rappelez-lui : « Je tiens à toi ».

Si le risque de passage à l’acte est grand ou imminent, vous devriez aller voir ensemble ou seul un supérieur.

Conseils et moyens pour soutenir une personne ayant des idées suicidaires

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3. Quels sont les comportements à adopter pour aider un collègue qui ne va pas bien ?

Les comportements aidants dans l’immédiat (les premières heures et les premiers jours suivant un événement traumatique) visent à sécuriser, calmer, soutenir et réconforter votre collègue.

Un événement traumatique fait vivre une grande dose d’émotions fortes et très intenses qui activent le système nerveux sympathique. Lorsque le danger est passé, le système nerveux a besoin de retourner au calme. Cela prend un certain temps avant que l’adrénaline soit réabsorbée.

Ce qui est considéré comme aidant

  • Offrez une présence calme et rassurante pour aider votre collègue à faire le retour au calme
  • Ne l’amenez pas à parler des détails émotionnels de l’événement (ex. : « Raconte-moi comment tu t’es senti pendant l’événement »). Devoir reparler des aspects émotionnels trop rapidement pourrait le déstabiliser, activer le système nerveux sympathique et renforcer les souvenirs traumatiques
  • Si votre collègue exprime ses émotions de façon spontanée et volontaire, validez ce qu’il vit : « C’est vrai que ça doit être difficile », « Je peux comprendre que tu sois bouleversé ». N’insistez pas pour qu’il s’épanche sur ses émotions. Respectez les silences ou son refus de parler
  • Répondez à ses besoins immédiats ou à ses préoccupations : « De quoi as-tu besoin ? », « Qu’est-ce que je peux faire pour toi ? »
  • Soutenez-le (ex. : faire preuve d’empathie, communiquer de l’information utile, apporter une aide concrète, rester disponible)

Quoi faire dans les jours suivant un événement traumatique ?

Vous avez remarqué qu’un collègue va moins bien. Vous voulez l’aider, mais vous ne savez pas comment. Vous pouvez vous sentir impuissant parce que vous ne savez pas comment aider ou quoi dire pour que l’autre aille mieux. Voici quelques comportements aidants.

  • Faites savoir à votre collègue que vous êtes disponible pour l’écouter
  • Permettez-lui de vous reparler de l’événement s’il le souhaite
  • Demeurez tout simplement présent. Appelez-le ou contactez-le par texto si vous ne pouvez le voir en personne
  • Normalisez ses réactions et ses émotions : « Après un tel événement, c’est normal que tu réagisses ainsi ou que tu ressentes cela »
  • Offrez-lui de se changer les idées en proposant une activité
  • Encouragez-le à parler de ses craintes à son supérieur
  • Encouragez-le à demander de l’aide professionnelle, au besoin
  • S’il est en arrêt de travail, maintenez le contact avec lui

Malgré votre bonne intention, il peut arriver que certains comportements n’aident pas votre collègue qui a des réactions post-traumatiques. Si vous repérez un de vos comportements dans la liste ci-dessous, c’est l’occasion de réviser vos habitudes.

Ce qui n’aide pas

  • Juger les réactions ou les actions de votre collègue pendant l’événement ou après
  • Insister pour qu’il vous raconte son événement en détail ou, à l’opposé, l’inciter à cesser complètement d’y penser ou à tourner la page
  • Invalider ses sentiments : « Tu ne devrais pas être en colère, cela ne t’aide pas », « Tu ne devrais plus être craintif sur les interventions, c’est passé »
  • Le blâmer ou le critiquer pour ses difficultés
  • Minimiser ce qu’il vient de vivre parce que l’intervention s’est bien terminée
  • Banaliser une intervention considérée comme faisant partie des tâches courantes
  • Comparer son expérience à celle d’autres paramédics qui ont vécu pire
  • Parler dans son dos
  • L’exclure du groupe

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4. En quoi le soutien des collègues peut-il être utile après un événement traumatique ?

D’après des études scientifiques, le soutien social constitue le meilleur facteur de protection contre le développement du trouble de stress post-traumatique. Votre soutien peut faire la différence pour aider votre collègue à mieux s’adapter après un événement traumatique. À l’inverse, un climat de travail malsain ou des jugements peuvent nuire à son rétablissement.

En tant qu’équipe de travail, démontrez votre solidarité envers le paramédic impliqué dans un événement, faites-lui savoir qu’il peut compter sur vous ou vous en parler. Veillez à ne pas juger ou critiquer ses réactions et ses comportements pendant ou après l’intervention.

Remerciements 

Ce dossier Web a été adapté à partir du contenu publié par l’Association paritaire pour la santé et la sécurité du travail, secteur « affaires municipales » (APSAM) et validé par Mélissa Martin, Ph. D., psychologue.

 

 


Pour en savoir plus

Pour toute information sur notre offre de services, contactez le conseiller attitré à votre établissement ou la responsable du programme Daisy Gauthier